Virée au marché de Versailles, l’un des plus beaux de France
Il n’y a pas à mégoter : il a de l’allure, le marché Notre-Dame de Versailles (Yvelines). Les guides ne s’y trompent d’ailleurs pas. On en croise plusieurs à la tête d’un petit groupe de touristes venus découvrir ce lieu soooo frenchie qui a remporté en 2018 le titre de plus beau marché d’Île-de-France lors d’un concours organisé par le journal Le Parisien. Sur la place, les étals en plein air sont encadrés par quatre halles : le carré aux herbes, le carré à la farine, le carré à la marée et le carré à la viande. Si ces halles couvertes ont vu le jour en 1842, le marché date de bien avant. Embryonnaire sous Louis XIII, il prend de l’ampleur sous Louis XIV, en 1671. Nous sommes alors en plein dans la seconde campagne de travaux (1669-1672) du château et il faut non seulement permettre aux ouvriers des chantiers mais aussi aux habitants de la ville naissante de se ravitailler.
350 ans plus tard, le marché continue de rayonner façon Roi-Soleil. Jean-Jacques arpente l’une des halles avec, dans son cabas, un poulet grillé, du beurre salé mais aussi des olives de Kalamata « confites », précise-t-il. Il vient de Noisy-le-Roi pour faire ses courses. « On a tout ici, s’exclame-t-il, notamment des poissonniers formidables. Enfin pas celui-là, chuchote-t-il en désignant la boutique en face, mais un autre un peu plus loin… » Pas besoin de nous le montrer, on l’a trouvé toute seule, reconnaissable à la file d’attente d’une vingtaine de personnes devant son étal. On a beau être mardi matin, on se presse dans les allées du marché. « Le dimanche, je ne vous raconte même pas », sourit Alberto, à la tête du Comptoir portugais, un vaste stand, spécialisé, comme son nom l’indique, dans les produits lusitaniens. Le Comptoir existe depuis quarante ans. C’est d’ailleurs l’une des spécificités du marché Notre-Dame : des commerces présents depuis plusieurs décennies.
Chez Ma mie est chaude et Garry Guette
Dans les halles, les caisses sont installées à l’ancienne, dans de petites guitounes. En face d’Alberto, on trouve un autre Alberto, un traiteur libanais aux mille et une épices qui a ici ses quartiers depuis vingt ans. Chez lui, on repart avec des börek à la feta, un petit pain au zaatar et on résiste difficilement aux loukoums, cornes de gazelles et autres pâtisseries lustrées de miel. Au Comptoir portugais, on reluque la morue grillée au feu de bois et le carpaccio de morue façon ceviche, mais on craint pour le voyage retour. Ce seront donc les fameux pasteis de nata, préparés tous les jours, « parce que la pâte feuilletée, le lendemain, ça ne rend plus rien », affirme Alberto.
On ne l’aurait pas forcément cru, mais le Versaillais est visiblement amateur de calembours. Le boulanger bio sur la place a pour enseigne l’osé « Ma mie est chaude ». Et on croise un primeur répondant au nom de Garry Guette, proposant des cèpes des Vosges à… 10 € la cagette. On ne la laisse pas passer, d’autant que le producteur d’œufs à l’extérieur nous donnera de quoi faire une belle omelette le soir. D’ailleurs, on note qu’ici, contrairement à ce que l’on pourrait croire, s’il y a peu d’offres discount, les tarifs n’explosent pas non plus. On a trouvé des coquilles Saint-Jacques à moins de 10 € le kilo. Côté fruits et légumes, les producteurs locaux se taillent la part du lion et rappellent que l’Île-de-France est aussi une région agricole. Les légumes de Crespières sont ainsi produits dans la plaine de Versailles. Le producteur de tomates vient, lui, d’un peu plus loin : de Saint-Paterne, dans la Sarthe.
Un passage chez les antiquaires
Une fois le marché achevé, prendre le café rituel peut se révéler un véritable casse-tête, vu le nombre de bistrots qui encerclent les Halles. Une fois son expresso avalé, on s’octroie une petite incursion vers le passage des antiquaires et ses nombreuses boutiques où chiner sculptures baroques, affiches anciennes ou montres vintage. Avant de repartir, on s’offre un dernier petit détour à la librairie La Suite, située dans une rue juste derrière les halles. Nourrir le corps, c’est bien, mais si on peut aussi alimenter l’esprit, c’est encore mieux…
Infos pratiques : marché Notre-Dame, place du Marché-Notre-Dame, Versailles (78). Halles ouvertes du mardi au samedi de 7 h à 13 h 30 et de 15 h à 19 h 30, le dimanche de 7 h à 14 h. Jours de marché : mardi, vendredi et dimanche de 7 h 30 à 14 h. Accès : gare de Versailles–Rive Droite (ligne L), gare de Versailles–Château Rive Gauche (RER C). Plus d’infos sur versailles.fr