Le dernier baromètre Qualitel Ipsos montre que le parcours de recherche d’un bien immobilier est semé d’embûches. Ce qui se traduit par des mauvaises surprises, pour de nombreux propriétaires, une fois installés.Lire plus tardCommenterPartager
Par Anne-Sophie Vion
Publié le 14 oct. 2022 à 16:41Mis à jour le 14 oct. 2022 à 17:14
« Devenir propriétaire, c’est le choix d’une vie », affirment doctement des professionnels de l’immobilier. Ce qui signifie aussi, naturellement, passer par leur intermédiaire pour sécuriser l’achat de son bien. Et, de ce point de vue, les besoins d’un accompagnement (vraiment) qualifié se révèlent cruciaux.
En témoignent les résultats du dernier baromètre Qualitel Ipsos consacré à la satisfaction des Français par rapport à leur logement. Parmi les acquéreurs sondés et ayant changé de logement depuis moins de 5 ans, plus des 2/3 (68 %) déclarent avoir eu au moins une mauvaise surprise une fois installés !
Ils se disent ainsi gênés par des aspects qu’ils n’avaient pas remarqués lors des visites. En Top 5 des désagréments, ils citent le froid l’hiver, pour 17 % ; le bruit des voisins, pour 16 % ; la chaleur l’été, pour 13 % ; le bruit de la rue, pour 12 % ; les charges, les dépenses, pour 11 %.
En outre, alors que le fardeau de la rénovation énergétique pèse de plus en plus lourd sur les épaules des propriétaires bailleurs, ces déconvenues après l’achat peuvent entraîner des travaux imprévus. D’après l’enquête, la majorité des propriétaires avait bien identifié des travaux indispensables avant l’achat (56 %), mais plus de la moitié (52 %) en a aussi découvert après l’achat. Conséquence, 66 % des répondants ont réalisé des travaux d’embellissement (peintures, revêtements, etc.), 45 % la réfection complète d’une ou de plusieurs pièces, 34 %, la réfection ou le remplacement d’un équipement, etc.
Des visites pas suffisamment poussées
Pour mieux comprendre le gap entre ce que l’on pense acheter et la réalité du bien acquis, il faut remonter au parcours de recherche et à l’étape clef : la première visite. Or, dans un contexte ces dernières années de la flambée des prix et de marchés tendus dans les grandes villes de France, la recherche se fait souvent sous pression et les candidats à l’accession sont soumis à une concurrence forte. « La prise de décision peut s’avérer stressante, notent les auteurs du baromètre, en particulier pour les jeunes de moins de 35 ans, souvent primo-accédants. »
Il faut donc se décider vite. Ainsi, indique le baromètre, 84 % des acheteurs ont visité 1 à 2 fois le bien avant de faire une offre. Pourtant, 25 % auraient voulu pouvoir le visiter à nouveau avant de prendre leur décision. Et 89 % des acquéreurs ont fait leur offre en moins d’une semaine.
Autre difficulté, les visites ne sont pas forcément suffisamment poussées. Par exemple, dévoile le sondage, de nombreux critères, dont dépend pourtant la qualité de vie dans le logement, n’ont pas été systématiquement regardés. C’est le cas de la date de construction, du niveau de sécurité, de la classe du diagnostic de performance énergétique (DPE) et de la ventilation.
Les futurs propriétaires se focalisent sur certains critères, à commencer par les vitrages et l’état général des fenêtres, cités par 88 % des répondants, la superficie des pièces (87 %), leur organisation et agencement, l’état des murs (présence de fissures ou de moisissures), le type de chauffage (individuel ou collectif)…, tous cités par 86 % des répondants.
Revente envisagée
Bien sûr, il n’y a pas de logement, et donc d’achat, parfait. Selon l’enquête, 78 % des acquéreurs ont dû faire des compromis. Et dans ce cas, même les critères les plus indispensables ou importants au début de la recherche, peuvent être concernés. En tête : le prix, pour 18 % des acquéreurs, avec un prix d’achat de 12 % en moyenne plus élevé que le budget initial envisagé. Puis vient la superficie de certaines pièces, pour 17 % des acquéreurs, avec une perte sur la superficie globale de 16 % en moyenne du nombre de m² envisagés au départ.
Autre conséquence du décalage entre perception et réalité du logement, les propriétaires ne s’y projettent pas dans la durée. Ainsi, 44 % des propriétaires souhaitent en changer, dont 28 % à court ou moyen terme. Un chiffre qui monte à 61 % pour ceux qui ont eu de nombreuses mauvaises surprises.
Et pourtant, certaines de ces mauvaises surprises auraient pu être évitées avec davantage d’attention lors des visites. C’est le cas de la performance énergétique du logement qui fait pourtant l’objet d’un DPE obligatoire dès la signature du compromis de vente. Le sondage observe ainsi que 45 % des propriétaires, qui ont eu des mauvaises surprises sur les charges, n’avaient justement pas été attentifs à la classe du DPE. De même, 32 % des propriétaires qui ont eu des mauvaises surprises sur l’isolation acoustique n’avaient pas pris en compte les nuisances sonores.
Dès lors, si c’était à refaire, pour un futur achat, près de la moitié des propriétaires (47 %) aimeraient être accompagnés par un professionnel du bâtiment lors des visites pour évaluer l’état du bien.