Ou comment dire tout et son contraire tant les indicateurs positifs et négatifs se juxtaposent… En résumé, bien malin celui qui saura prédire l’évolution des prix sur les 6, voire 12 mois à venir…

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Et si les prix de l’immobilier parisien se mettaient (déjà) à remonter?

Après des mois de tassement, voire de désamour, le marché parisien a repris de la vigueur. Certains y entrevoient même un retour de la hausse des prix.

ParJean-Bernard Litzler

Mis à jour le07/09/22 06:00

Publié le07/09/22 06:00

Crédit Photo : 35731403/Uolir – stock.adobe.com

L’exode urbain, du moins parisien, c’est déjà du passé. Avec plus de 40.000 ventes en 12 mois à fin juin 2022 (dernières statistiques officielles des notaires présentées ce mardi), les transactions immobilières dans la capitale atteignent un niveau jamais vu depuis 20 ans. Pour le désamour de la vie parisienne, il faudra donc repasser. Et les prix? Certes, ils accusent toujours une très légère baisse (-0,8% sur un an à fin juin) mais elle ralentit (elle était de 1,2% sur un an à fin mars). Et sur le deuxième trimestre, on obtient même une légère hausse (+0,7% et +0,1% en donnée corrigées des variations saisonnières). Et selon l’indicateur avancé des avant-contrats, le prix moyen actuel de 10.590 €/m² à fin juin pourrait passer à 10.670 €/m² en octobre. Une nouvelle hausse de 0,6%.

Une «forme insolente»

Alors que le retournement de tendance du marché -avec une baisse attendue des prix et des volumes- est sur toutes les lèvres, les notaires parisiens estiment qu’un retour de la hausse n’est pas exclu dans la capitale. Ils ne se leurrent pas sur la conjoncture actuelle pour autant. «On a beaucoup de nuages bien sombres, reconnaît Me Delesalle. Avec l’inflation totalement décorrélée des salaires, il est vrai que le pouvoir d’achat en prend un coup ; l’argent est plus cher et surtout de plus en plus difficile à obtenir…» Mais malgré ces éléments et aussi le fait que les chocs sur l’économie mondiale risquent d’accentuer les difficultés ces prochains mois, le notaire Marc Friedrich n’a pu que saluer la «forme insolente» du marché parisien.

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Crédit Photo : Notaires du Grand Paris

Sans pour autant estimer que ce retour de la hausse serait souhaitable au vu des difficultés actuelles, les notaires ont rappelé que les 6e et 7e arrondissements ont désormais franchi la barre des 14.000 €/m² avec des hausses respectives de 7,8% et 5,4%. Il se trouve que ces deux arrondissements avec le 8e (en hausse de 4,2% à 12.030 €/m²) sont aussi les plus prisés des étrangers, ce qui n’est pas un hasard. Dans le 7e, les étrangers non-résidents pesaient 19,9% des transactions au 2e trimestre, presque autant que dans le 6e (18,4%) et le 8e (16,3%) contre seulement 8,9% en moyenne à travers la capitale. Entre l’envie des étrangers de revenir à Paris et l’avantage que procure un euro faible, «le dollar et la livre fanfaronnent à Paris» selon Me Friedrich, les étrangers pourraient continuer à entretenir ce niveau de prix élevé.

Difficile d’imaginer de repasser sous la barre des 10.000 €/m² quand on sait que la part des transactions réalisée sous ce prix n’est minoritaire que dans 5 arrondissements (les 12e, 13e, 18e, 19e et 20e) et surpasse les 90% dans 5 autres (Paris Centre regroupant les 1er, 2e, 3e et 4e et les 5e, 6e, 7e et 8e). Quant aux transactions exceptionnelles, elles dépassent 36.000 €/m² pour au moins deux d’entre elles au cours du 2e trimestre, pour de très grandes surfaces (310 m² dans les deux cas) dans les 5e et 16e arrondissements. «La relative stabilité des prix a fait revenir les investisseurs vers tous les types de surfaces parisiennes, estime Me Delesalle, faisant jouer à plein le concept de pierre-refuge. Et bon nombre d’entre eux pensent que c’est encore le moment d’emprunter avant les hausses à venir.» Et donc, ces volumes records pourraient déboucher sur de nouvelles hausses de prix, la capitale retrouvant son statut de locomotive du marché immobilier, qu’elle a cédé à la province depuis des mois.

Crédit Photo : Notaires du Grand Paris

Une analyse que semblent ne pas partager bon nombre d’autres spécialistes. Éric Allouche, président du réseau d’agences ERA Immobilier, estime pour sa part que le ralentissement du marché devrait continuer et s’amplifier. «On va assister à une stagnation des prix d’ici à la fin de l’année, dans des volumes qui restent toutefois assez importants puisque l’immobilier reste une valeur refuge», estime-t-il. Quant au site d’estimation Meilleurs Agents, il pronostique une baisse des prix de 3% à Paris pour l’année à venir sur an, en estimant que la capitale va connaître une «forte sur-offre» et des marchés «très vulnérables» aux restrictions actuelles du crédit.